Séparation des objets dans la pensée humaine: une nécessité qui a aussi ses limites

Cette après-midi, une grosse mouche bruyante qui bourdonnait dans toute la pièce m’empêchait de trouver le calme dont j’avais besoin pour me reposer. Et alors que je parvenais (enfin) à la faire sortir par la fenêtre, il m’est venue une pensée. Cette mouche devait trouver ça étrange d’être bloquée à l’intérieur de quatre murs, car dans son habitat naturel, cela n’existait pas. C’était même une idée contraire à son instinct naturel qui la poussait à voler sans cesse en cherchant la sortie.

Ce sont les êtres humains qui construisent des barrières, des murs, des portes, des fenêtres. Ce sont les êtres humains qui compartimentent les notions et parlent de mathématiques, de français, ou bien d’histoire. Mais dans la réalité, ces notions sont liées, voir même intriquées. On ne peut pas concevoir le français sans comprendre son évolution historique et les raisons d’acquisition de certains mots et structures. Et on peut encore moins comprendre une langue sans chercher les raisons profondes de la communication, qui a des origines multiples, et pas seulement biologiques, physiques et historiques.

Dans la nature, il n’y a pas de coupure aussi brutale entre la zone de développement d’une plante et une autre, entre une rive et une autre, entre deux climats, ou deux couches terrestres. Tout est progressif et comporte des zones mixtes en bordure de deux objets. Les plantes poussent côte à côte, souvent pressées les unes contre les autres. Dans les couleurs de l’arc-en-ciel, il y a de nombreuses nuances intermédiaires entre le jaune et le vert, par exemple. En regardant un arc-en-ciel à l’œil nu, il est très difficile de séparer les différentes parties. Dans une forêt ou un territoire particulier (notion aussi déterminée et utilisée par les êtres humains), les animaux, les bactéries, les plantes et les phéromones se déplacent aisément, sans qu’ils ne soient bloqués quelque part. Certaines espèces comme les parasites ou les poissons-pilotes ont même fait de la cohabitation (parfois subie) une caractéristique essentielle de leur existence.

C’est pour une raison de clarté, de simplification de l’étude que les êtres humains ont séparé les notions et proposé des catégorisations et des noms pour les choses. Le système musculaire d’un côté, et le système nerveux de l’autre. Mais ces deux ensemble travaillent conjointement.

En y réfléchissant, il est vrai que l’être humain, de par sa nature modificatrice et évolutive, a eu besoin, dans son développement, d’étudier la réalité, et de mettre des barrières. Les plantes, les minéraux et les animaux sont capables de faire évoluer leur essence profonde pour s’adapter, comme un virus pour résister à un vaccin, mais l’être humain modifie son extérieur. Et peut-être que dans cet environnement « modifié » qu’il se crée autour de lui, il modifie les règles? Et cela serait donc à son tour de « définir » des limites, et donc des barrières?

Nous avons besoin de savoir ce qui est « positif » (ou bien bénéfique) de ce qui est « négatif« , ou bien de ranger nos pensées dans plusieurs catégories différentes, pour que notre esprit soit « propre ».

Et aussi ..

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *