Que signifie apprendre?
Dans « Apprendre », il y a « Prendre ». Pour beaucoup de personnes, quand on apprend, on assimile des connaissances, et on les relie entre elles, comme si on formait une carte, un réseau, ou un système, dans notre esprit, qui s’accroit à mesure qu’on y rajoute des données. Ce réseau s’appelle un paradigme.
Mais vous est-il déjà arrivé, à un certain moment de votre vie, où une grande partie de ce que vous pensiez « certain » s’écroule soudainement, comme si vous découvriez que tout cela n’avait aucun fondement?
Pendant des années, on se conduit d’une certaine manière avec les autres, avec nous-même, parce qu’on « sait » que cela nous permet d’atteindre une sorte de stabilité dans notre vie, un forme de bonheur, ou bien nous estimons que cela participe au fait d’atteindre nos objectifs. Ce « paradigme » est comme une plateforme qui nous soutient.
Nous cachons dans un coin de notre esprit la pensée désagréable que tout cela serait potentiellement faux, et nous ne voulons pas entendre parler d’une telle éventualité car nous percevons instinctivement qu’une telle erreur mènerait à un grand changement, et donc à beaucoup de désagréments. C’est lié à la peur de l’apprentissage, que j’ai développé dans un autre article.
Que nous le voulions ou non, nous traversons tous au moins deux ou trois paradigmes différents. Le passage de l’enfance à l’adolescence, ou de l’adolescence à l’âge adulte en sont deux, mais cela peut être aussi lorsque nous devenons parent, ou bien que nous déménageons dans un autre pays, ou bien encore que nous perdons un proche.
A chaque fois, toute la manière dont nous percevons la vie est remise en question, et cela peut mener à une dépression, à la prise d’alcool ou de stupéfiants. A toute sorte de dérives, donc, pour se libérer l’esprit de cette angoisse.
Où est-ce que je veux en venir? Eh bien, si nous fonctionnons en tissant notre réseau de connaissance jusqu’à un point de rupture, où il faut recommencer parce que les principes qui le sous-tendent sont faux, ou du moins inexactes, nous allons faire cela plusieurs fois et ces cycles pourraient être très fatiguant, pas forcément fiables, ni flexibles. Et la société, ainsi que les connaissances que les êtres humains accumulent depuis le vingtième siècle, deviennent de plus en plus changeantes et évolutives.
Mais il existe une autre manière d’apprendre. Ou plutôt de « ne pas apprendre ». Dans cette « méthode », on ne se comporte pas comme un boulimique qui tente de tout assimiler ce qu’il y a à sa portée, mais plutôt comme quelqu’un de détaché de la possibilité d’échec ou de réussite, qui sait que l’information est là, mais qui évite la posture scolaire obéissante.
Pour cela, il est nécessaire de se rendre compte qu’on ne sait pas (tout), et qu’on ne saura jamais (tout).
Dans cette façon d’être « plus libre », on observe plus que l’on déduit, sans vouloir obtenir une réponse immédiatement. On se met à disposition de ce qu’il se passe, sans vouloir « faire » quelque chose. Je sais que cela peut paraitre étrange et difficile à saisir, mais c’est justement là où est le processus. L’apprentissage ne se focalise plus sur un « objet », mais sur notre comportement, et celui des choses que nous étudions.
Je pense donc que se libérer de croyances et d’habitudes limitantes est plus efficace pour l’apprentissage que vouloir « comprendre » quelque chose.