« Elle dira non si elle n’a pas envie »
Il y a quelques années, j’ai participé à un week-end tantra à la campagne, où l’un des thèmes centraux était le consentement. Lors d’un exercice, nous devions choisir un partenaire pour une sorte de lutte amicale.
Lorsque je décidais de monter sur le « ring », je désignais une fille d’à peu près mon âge, avec qui je souhaitais essayer. Mais, brusquement, des scrupules m’envahirent. Je me confiais alors aux animateurs, qui me rassurèrent sur le fait que cette fille était tout à fait capable d’exprimer son accord ou son refus.
Soudain, cela devint évident : nous pouvions tous dire non si nous n’en avions pas envie.
Cette réflexion me ramena à mon vécu, bien avant ce week-end . Combien de fois étais-je allé vers des filles sans les entendre explicitement dire « non » ? Bien sûr, je percevais les signes de leur refus : un regard évitant le mien, un changement brusque de sujet. Alors, dans ces moments-là, je m’arrêtais.
Mais une autre question surgit : et moi, combien de fois avais-je accepté des choses par gentillesse, sans en avoir réellement envie ?
Je fus pris de compassion. Pour elles, pour moi, et pour tous ceux qui peinent à dire non dans une société où blesser l’autre est presque un tabou. Et cela, dans tous les domaines, pas seulement celui de la séduction ou de l’amour.
Mais à force de vouloir éviter ce mot, j’ai réalisé que nous ne savions plus l’entendre.
Pourtant, nous avons tous expérimenté, au moins une fois dans notre vie, un « non » qui nous a permis de vivre une situation ou de rencontrer quelqu’un qui nous convenait davantage.
Depuis cette expérience, j’essaie de dire non plus souvent lorsque je n’en ai pas envie, ou de trouver une autre manière de m’affirmer quand c’est trop difficile à exprimer.
Ce qui est beau, c’est que, ce jour-là, cette fille a dit oui. Nous avons fait l’exercice ensemble, devant tout le monde. Et le fait qu’elle ait pu dire non rendait son oui d’autant plus fort à mes yeux.
