La chaîne de générosité entre nous
Il existe un principe philosophique selon lequel les humains peuvent former une sorte de chaîne de générosité. Nous rendons service à une personne, et en échange (ou si elle veut contribuer à son tour), elle peut faire preuve de générosité envers une troisième personne, qui à son tour peut donner à quelqu’un d’autre et ainsi de suite.
La phrase précédente énonce deux variantes de ce principe : soit on se sent redevable et on veut « payer » un service en échange, soit on a, à notre tour, les mains libres, et on trouve cela normal, au moment où l’on verra une nouvelle personne, de l’aider, sans comparer avec ce que nous avons déjà reçu. La somme de ce que nous faisons les uns pour les autres et ce que nous recevons (appelons cela la balance de la générosité) n’est pas équilibrée, et pourtant, dans certains cas, nous y trouvons notre compte.
En tant qu’individu, je pense qu’on a plus fait pour moi que j’ai fait pour les autres. Premièrement, en raison du don de la vie, et ensuite d’avoir grandi dans un foyer où j’ai reçu une éducation, d’avoir été logé, nourri, habillé, chauffé, transporté pendant des années sans rien donner de comparable en retour.
Bien sûr, la valeur de ce qui est donné ou reçu est subjective. On peut donner sans s’en apercevoir. On peut très bien rendre un service, qui nous demande très peu de ressources, et qui sera, pour la personne qui recevra ce service, un coup de main inestimable. L’inverse est également vrai. Je peux faire énormément d’efforts pour quelqu’un, et ce service s’avèrera absolument inutile, voire même contreproductif.
Nous ne jugeons pas les services rendus avec les mêmes connaissances de la réalité de chaque participant à « l’échange » ou au « don », ni avec les mêmes critères de jugement. Pour certains, l’argent aura plus de valeur qu’aider quelqu’un d’autre dans sa « prise de conscience » (qui peut aussi s’avérer être un service rendu). Et on peut également dire qu’on reçoit en donnant. Tous ces arguments me poussent à remettre en question l’importance vitale que je donnais à cette fameuse balance de la générosité.