À quoi sert la littérature ?
Pourquoi la littérature semble-t-elle démodée aujourd’hui ?
Face à ces pages remplies de mots, parfois incompréhensibles, on peut se demander pourquoi la littérature existe encore, quand on a le cinéma, et même la réalité virtuelle. Pour beaucoup, c’est un art d’un autre temps, d’une époque où l’on s’éclairait à la bougie et on écrivait à la plume d’oiseau. C’était alors la seule occupation disponible.
Aujourd’hui, nous croulons sous les divertissements. Et les tâches à effectuer. Notre temps est réduit, alors on se pose forcément cette question : « Qu’est-ce que j’y gagne ? »
La richesse cachée derrière la complexité de la littérature
Alors pourquoi ? Pourquoi s’entêter à faire perdurer cette pratique que certains jugent vieillotte, voire primitive, réservée à une poignée d’intellectuels à lunettes, perdus dans leurs rêveries ?
Eh bien, justement pour toutes ces raisons. Car on ne défait pas un préjugé autrement qu’en se plongeant dans la complexité de son histoire, et des sentiments qui y sont liés. Et cela prend un temps incompressible. La littérature ne peut pas simplement être « dite » ou « expliquée » : il faut la vivre.
Lire, un acte exigeant mais profondément transformateur
Et j’en conviens : lire n’est pas un acte « naturel ». Cela demande de se plonger, de rentrer dedans, de laisser de côté le reste — nos tâches, nos écrans, voire une part de nous-mêmes.
Quand je lis un roman qui me plaît, je n’en sors pas indemne. Je suis bouleversé, transcendé, emporté, grandi, émerveillé. Inspiré. Comme si quelqu’un m’avait emmené au creux du vent, dans son antre, entre ses ailes, et m’avait fait parcourir d’autres chemins, fait passer par d’autres ouvertures. Cela ouvre des perspectives, des espaces.
La littérature, un voyage intérieur et une invitation à la curiosité
Lire, c’est regarder à travers les yeux d’un autre, adopter son langage, et en même temps développer notre propre interprétation pour l’accompagner.
Mais on ne trouve pas toujours dans les romans ce que l’on y cherche. On s’y égare. Et c’est là tout l’intérêt : la littérature ne rentre pas dans une boîte, comme une pile dans un emplacement. Comme un produit dans un sachet plastique. Elle s’étale, s’écoule, s’évapore, s’étend. C’est l’essence même de l’imaginaire. Une nature dont on ne peut prendre conscience qu’en la traversant. Tout comme la vie.
Le lecteur doit donc être curieux, humble, et accepter de ne pas savoir, de se laisser porter par son guide. De découvrir des choses qu’il aurait été incapable d’imaginer par lui-même. C’est ce que permet la littérature.