Harmonie dans la disharmonie
Un jour, l’un de mes amis m’affirmait aimer la musique classique dissonante, celle qui s’éloigne d’un rythme régulier ou qui propose une évolution sonore apparemment erratique. Cette idée m’a intrigué. Jusqu’où pourrait-on pousser cette notion ? Pourrait-on, par exemple, aligner n’importe quelles notes de manière aléatoire et y trouver une forme d’attirance ? Comment, dans ce cas, distinguer une « bonne » musique d’une « mauvaise », un maître d’un débutant ? Est-ce que quelqu’un jouant au hasard pourrait toucher autant que celui qui consacre sa vie à l’étude et à la maîtrise de son art ?
Pourtant, si certaines personnes trouvent de l’intérêt à cette musique, bien plus qu’à des sons agencés sans intention, cela suggère qu’il existe un fil conducteur. Quelque chose qui résonne avec des valeurs personnelles, une sensibilité. Une trame cachée apparaitrait, même dans ce chaos apparent. On y cherche – et on y trouve – une forme d’harmonie issue de l’erreur, de l’errance.
Là où la cohérence n’est pas évidente à entendre, là où la rupture devient la norme, se glisse une harmonie, un fil conducteur dans le désordre. Une manière filée de déconstruire. En jouant, ou en écoutant. Peut-être est-ce cela, finalement, le pouvoir de la dissonance : elle invite l’auditeur à découvrir sa propre cohérence, une harmonie née de ce qui semble à première vue en être dépourvu.