La peur de l’apprentissage

Combien de parents ont horreur d’aider leurs enfants à faire leurs devoirs parce qu’ils ne comprennent pas les exercices et n’ont pas un bon souvenir de l’école? Des tas. Et on pourrait dire la même chose de leur progéniture. Il est clair que l’institution publique ne laisse pas un souvenir très positif dans toutes les mémoires.

A force de prioriser l’acquisition de compétences, l’école a empêché beaucoup de personnes à assumer et apprécier leur propre curiosité et à la laisser agir au quotidien, à tel point que s’est instillé en eux une peur de l’apprentissage.

Il est étonnant de voir comment tant d’adultes bien établis dans une profession depuis de nombreuses années rechignent soudainement à explorer avec leurs enfants la source qui a donné naissance à leur emploi, c’est à dire les théories scolaires. Comme si, dès qu’ils sont en contact avec ce qu’ils considèrent comme du savoir pur, ils deviennent incompétents et perdent confiance en eux ou s’énervent.

D’un côté il y a l’enseignant, qui possède la connaissance, et de l’autre il y a l’élève, qui assimile cette dernière. Ceci est l’un des principes fondamentaux d’une grande partie de l’éducation (voire même de l’instruction) aujourd’hui. Cette idée centrale est tellement inscrite dans notre génome d’apprentissage collectif que nous nous en rendons même pas compte, et nous la décortiquons encore moins.

Pourtant elle est fausse, car il serait vain de prétendre que l’enseignant connait tout, et non l’élève. L’adulte référent (que l’on appelle couramment professeur) sait, grâce à davantage d’expérience que l’enfant, où se trouve les informations, comment les chercher et les analyser. C’est comme un mineur qui sait où creuser le minerai et qui sait utiliser les machines pour le raffiner.

Mais tout cela est uniquement une question d’expérience. Et puis, de quels alliages de métaux-connaissance avons nous besoin aujourd’hui? Et cette question est encore différente à titre individuelle! Aucun des 30 élèves que constitue habituellement une classe n’aura besoin des mêmes informations dans les prochains jours, et encore plus pour le reste de sa vie. La différence devient abyssale. D’un point de vue professionnel, et privé.