Nous ne vivons pas notre premier déracinement de sens
L’obsession contemporaine du sens
Lors d’une conversation récente, on m’a parlé d’« épidémie de la quête de sens ». Ce besoin, très présent aujourd’hui, semblait presque suspect à mon interlocuteur — comme si les générations précédentes n’avaient jamais eu ce genre de préoccupations.
Perte des repères
Mais en y réfléchissant, il me semble que ce n’est pas tant la quête de sens qui est nouvelle que la vitesse à laquelle nos repères se transforment. Hyperconnexion, affaiblissement des repères traditionnels (religion, politique, emploi stable… ), et consommation comme seule boussole culturelle. Aucune vision collective ne les a vraiment remplacés. Tout s’accélère, et nos cadres de pensée se déplacent plus vite qu’on ne peut s’y adapter.
Des précédents changements historiques
Ce n’est pas la première fois que l’humanité vit un tel déracinement. L’industrialisation, la colonisation du Nouveau Monde, ou plus récemment l’avènement de la société de consommation durant les Trente Glorieuses ont tous bouleversé nos visions du monde. À chaque époque, des certitudes tombent et d’autres émergent.
Le besoin humain de repères
À l’échelle individuelle aussi, nous connaissons des basculements de sens : la guerre, la maladie, un accident, un déménagement, un changement de travail… Tous ces moments de rupture nous obligent à reformuler nos repères (voir l’article sur le changement de paradigme).
Et si le changement était notre nouveau repère ?
Alors non, cette quête n’est pas un caprice moderne. Elle est une réaction humaine naturelle face à l’instabilité. Et si les cadres évoluent toujours plus vite, peut-être que demain, ce ne sera plus la stabilité qui sera notre refuge, mais la capacité à changer avec souplesse. Une nouvelle forme d’ancrage, non plus dans le changement, mais dans la stabilité.