Le mot « spirituel » m’a induit en erreur
J’ai grandi avec une éducation religieuse très présente. On m’a inculqué la notion de spiritualité sous différentes formes : qualités spirituelles, vision spirituelle, chemin spirituel, rang spirituel… On m’a appris que connaître la spiritualité, c’était mieux comprendre la nature humaine, de manière plus complète.
Pourtant, c’est au contact de ma propre matérialité que j’ai saisi son véritable sens. Nos limites physiques, la douleur, le temps qui passe inexorablement… Ce sont ces contraintes qui donnent toute sa valeur à la générosité, à la patience, au courage. Si nous étions immortels, pourquoi aurions-nous besoin de patience ? Nous pourrions tout faire, sans jamais avoir à choisir.
Le mot « spirituel » est souvent utilisé pour désigner une prise de distance avec le monde matériel, perçu comme inférieur. Cette vision, influencée notamment par l’héritage bouddhiste, valorise l’élévation et le détachement. Mais avec le temps, j’ai réalisé que le matériel et le spirituel ne sont pas opposés. Ils ne forment qu’une seule et même réalité.
Tout le monde peut faire preuve de générosité ou d’humilité, même sans utiliser ces mots. Alors pourquoi distinguer le « spirituel » comme quelque chose d’à part ? Ce dont on parle ici, c’est une qualité humaine, intrinsèque à notre nature. Il ne s’agit pas d’une dimension éthérée ou abstraite, mais de quelque chose qui s’exprime dans le quotidien, à travers des actes très concrets : manger, prendre soin de soi, aimer un autre corps.
Finalement, il n’y a pas deux mondes distincts, l’un matériel et l’autre spirituel. Il n’y a qu’un chemin aux mille formes, qui change selon la manière dont on le regarde.
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