Vieil homme marchant seul dans une rue ancienne aux tons sépia, croisant un jeune adulte absorbé par son téléphone dans une rue moderne et épurée, illustrant le contraste entre générations et leurs codes de politesse.

La politesse sépare-t-elle les générations ?

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Dans un autre article, j’avais parlé de la différence intergénérationnelle autour de la retraite. Mais ce n’est pas la seule chose qui sépare les générations.

On entend souvent des personnes de la génération de nos parents ou de nos grands-parents se plaindre que les plus jeunes ne disent plus bonjour lorsqu’ils croisent quelqu’un dans la rue.

Pourtant, la politesse a d’abord pour but de maintenir de bonnes relations avec ceux qui nous entourent. Un visage et des manières « polies », comme une pierre polie, sont censés être agréables à voir et à approcher. Elle facilite ce fameux « contact » social.

La politesse face à l’évolution du mode de vie urbain

Mais le monde a changé d’échelle. Les villages sont devenus des villes. Et il devient plus fatigant — et moins intéressant — de sourire à tous ces inconnus que l’on ne reverra sans doute jamais, même s’ils vivent dans la même ville.

Ce détachement s’explique aussi par l’évolution des modes de vie : les jeunes ont quitté les anciens, migrant vers les grandes villes. Et dans ces espaces surpeuplés, la politesse change de visage. On la réserve à ses proches ou à ses communautés d’affinités plutôt qu’à chaque passant croisé dans la rue.

Une politesse plus sincère ou une perte de repères ?

Les liens se sont relâchés, mais ils ont aussi gagné en sincérité. On salue davantage quelqu’un qui nous impressionne ou nous inspire du respect, plutôt que par simple devoir ou parce qu’il représente « l’autorité ». Les jeunes, aussi, valorisent la franchise : mieux vaut être honnête que saluer quelqu’un qu’on n’apprécie pas vraiment.

Les anciens se sentent-ils abandonnés ? Moins pris en compte ? C’est peut-être une crainte qui vient avec l’âge : celle d’être oublié, alors même qu’ils ont contribué à bâtir le monde dans lequel les jeunes vivent. Ces jeunes qui veulent vivre leur expérience passionnément, sans qu’on leur impose un cadre rituel strict dont ils ne voient plus l’intérêt.

La politesse n’est plus forcément le signe d’une bonne éducation ou d’une grande culture. On peut très bien être une crapule tout en arborant un sourire aimable. Mais elle reste un langage, un code. Les anciennes générations seraient-elles donc trop attachées à cette forme visible, sans toujours percevoir les nouvelles formes de respect qui émergent ?

La politesse se transforme avec les générations

La politesse ne disparaît pas : elle se transforme. Là où elle servait jadis à cimenter des communautés restreintes, elle se réinvente aujourd’hui, plus sélective et plus intime. Entre générations, la distance est peut-être moins une affaire de courtoisie que de modes de vie qui évoluent. À chacun de trouver la forme de politesse qui lui ressemble… sans oublier que saluer l’autre, c’est aussi exister ensemble.

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