Un esprit « sale »

J’ai la chance d’habiter à la montagne, et quand je reviens d’une balade assez longue, il est normal que j’aie envie de prendre une douche, car j’ai beaucoup transpiré et j’ai aussi sur moi la poussière des chemins ainsi que la pollution des voitures (si j’ai marché le long de la route).

Mais cette saleté n’est qu’une couche sur ma peau. L’activité physique m’a permis de filtrer les toxines pour les faire sortir du corps par une voie naturelle. Et ces particules ne sont plus nécessaires au bon fonctionnement de mon organisme. En les retirant, je me sens plus léger. C’est comme faire du rangement chez soi et se demander ce qui est important pour nous, ou pas.

Eh bien, je crois qu’on pourrait appliquer cette image à nos pensées et à nos croyances. Lorsque je pratique une activité, que mon esprit est actif et concentré sur une tâche, mes pensées et mes croyances sont mises à l’épreuve pour résoudre les problèmes auxquels je suis confronté. Par exemple, si je suis électricien, comment je vais connecter le réseau de la manière la plus efficace et efficiente en fonction de la situation.

Mais on a beaucoup tendance à stigmatiser certaines pensées négatives en se disant qu’elles sont fondamentalement mauvaises. Les toxines émises par certains êtres vivants comme les serpents peuvent avoir un rôle de prédation ou de défense. Donc leur rôle est de détruire, mais il s’agit d’une intention qui s’inclut dans un ensemble plus vaste.

Ainsi, les commentaires « dégoûtants » sur les réseaux sociaux peuvent avoir comme vocation de choquer, d’attirer l’attention ou de créer une polémique. On peut également critiquer une de nos propres pensées, comme des désirs « égoïstes » en se disant qu’elles sont « sales » parce que notre éducation morale ou religieuse nous a appris à nous défendre et à rejeter certaines catégories de pensées que l’on a définies comme « impures ».

Le désir est une des forces motrices de la vie. Si on ne désire pas fortement une chose, on ne pourra pas l’obtenir. Et on ne peut pas apprendre à désirer une chose. Donc qu’on le veuille ou non, le désir est là, et nous avons plusieurs moyens pour le satisfaire.

La boue, considérée par beaucoup de mamans, comme une saleté sur les t-shirts de leur enfant, est utilisée dans certaines formes artistiques comme de la peinture (qui est aussi composée de minéraux afin qu’elle accroche aux surfaces et puisse posséder une cohésion interne). Donc on pourrait dire que la boue, comme la saleté, est une forme de peinture, et que lorsqu’on se tache avec de la peinture, on se « salit ». Certains artistes utilisent même les déchets provenant de nos poubelles pour créer leurs œuvres d’art.

Pour conclure, mon but en écrivant cet article était de dédramatiser le concept de « pensées impures », pour qu’on cesse de se focaliser dessus, en rejetant peut-être des parties qui auraient pu nous être utiles.