L’intérêt restreint peut-il être contrôlé?
« Il n’a de mémoire que pour ce qu’il veut ». Combien de fois ai-je déjà entendu cette phrase à mon propos ou celui d’un autre élève ? Comme si les êtres humains étaient sensés être totalement flexibles et se conformer (et apprendre) à ce qu’on attendait d’eux. Je pense cependant que l’on peut favoriser l’apprentissage, mais pas le contrôler, car apprendre, c’est faire l’expérience d’un monde extérieur à nous même, un monde sur lequel on n’a pas initialement d’emprise. Alors bien sûr, on peut, en tant qu’apiculteur de la pédagogie (je parle ici de l’enseignant), planter davantage d’une certaine fleur devant la ruche pour que les abeilles y butinent. Mais elles auront le dernier mot.
L’éducation du 20e siècle est symptomatique d’un état d’esprit également présent dans l’agriculture intensive où l’on retourne violemment la terre avec des machines, où l’on recouvre les champs d’engrais chimiques, d’herbicides et l’on fait pousser des OGM. Mais la pensée des élèves, comme les insectes dans les champs, a un mouvement naturel de déplacement, indépendamment de la volonté de l’enseignant (et du programme, bien évidemment). Je ne peux alors pas m’empêcher de penser à la violence qu’ont dû subir nos propres enseignants pour en venir à une telle conclusion sur l’apprentissage et je ressens alors de la compassion à leur égard, eux qui ont grandi dans un monde post-guerre mondiale où il fallait tout reconstruire en masse et standardiser les apprentissages.
Cependant, les dernières générations, nées dans un confort plus important et des divertissements plus développés, voient de moins en moins l’utilité du travail pur et sont davantage encouragées à utiliser des moyens différents d’aborder la notion d’apprentissage et de travail. Ce n’est qu’une question de temps pour que l’ensemble de la société ne s’aligne sur ces nouvelles valeurs.